Sermon par l’Archidiacre Eric Ma Fat
Indifférence à la souffrance des autres
Lecture: Luc 10:25-37
25 Un docteur de la loi se leva, et dit à Jésus, pour l’éprouver: Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle? 26 Jésus lui dit: Qu’est-il écrit dans la loi? Qu’y lis-tu? 27 Il répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi-même. 28 Tu as bien répondu, lui dit Jésus; fais cela, et tu vivras. 29 Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus: Et qui est mon prochain? 30 Jésus reprit la parole, et dit: Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups, et s’en allèrent, le laissant à demi mort. 31 Un sacrificateur, qui par hasard descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre. 32 Un Lévite, qui arriva aussi dans ce lieu, l’ayant vu, passa outre. 33 Mais un Samaritain, qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu’il le vit. 34 Il s’approcha, et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui. 35 Le lendemain, il tira deux deniers, les donna à l’hôte, et dit: Aie soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour. 36 Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands? 37 C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui, répondit le docteur de la loi. Et Jésus lui dit: Va, et toi, fais de même.
Introduction
Nous avons vu la dernière fois que le contraire du zèle c’est la paresse et l’indifférence – indifférence non seulement à l’invitation de Jésus à venir vers Lui, mais également indifférence par rapport à la souffrance des autres. Le monde d’aujourd’hui est un monde qui souffre : la maladie, les épidémies, la famine, la guerre, la violence conjugale, les familles brisées, la dépression, le suicide etc. Pas un jour ne passe sans que nous entendions des catastrophes dans les media. Cela ne date pas d’hier, mais la tendance semble s’amplifier de plus en plus. Il est vrai que le livre de Job 14:1 nous dit : l’homme ne de la femme ! sa vie est courte, sans cesse agitée. (Man who is born of woman is short lived and full of trouble)
Quel devrait être l’attitude du Chrétien face la souffrance de son prochain ? Les paroles de Jésus nous interpellent à ce niveau : 42 Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire. 43 j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. 44 Ils répondront aussi : Seigneur, quand t’avons-nous vu ayant faim, ou ayant soif, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne t’avons-nous pas assisté ? 45 Et il leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne les avez pas faites.
Notre focus cette année-ci devrait nous amener à ne plus penser à nous-même uniquement mais à penser aux autres.
Dans la parabole du Bon Samaritain, Jésus nous enseigne à ne plus être indifférent à la souffrance des autres, mais à démontrer l’amour non seulement en paroles mais en action. Au niveau de l’église, trois choses sont essentielles : aimer Dieu (vertical), aimer notre prochain (horizontal) et amener les âmes vers le Christ. Dieu nous aime et nous l’aimons en retour. Ensuite Dieu nous appelle à aimer les autres dans le deuxième plus grand commandement. Troisièmement, nous sommes appelés à annoncer la bonne nouvelle du salut aux autres afin qu’eux aussi puissent développer cette relation intime avec Dieu. Dans la parabole du Bon Samaritain, nous allons aborder ce côté horizontal de l’amour.
Essentiellement, cette parabole nous fait découvrir trois choses.
1. Tout autour de nous il y a des gens qui souffrent et qui sont dans le besoin
Un homme (Juif) descendait de Jérusalem à Jéricho (V30) Le chemin qu’il avait à emprunter était dangereux et connu comme un repère de voleurs. La bible ne nous dit pas ce qu’il allait faire à Jéricho, mais très probablement il était pré occupé par ce qu’il allait faire. Il tomba au milieu des brigands. (V30) Tout à coup, soudainement, sans crier gare, les voleurs lui tombèrent dessus. Ils le dépouillèrent, le chargèrent de coups et s’en allèrent le laissant à demi mort. (V30) La vie est ainsi faite qu’au milieu d’une accalmie surgit la tempête. Job 5:7 nous le rappelle : l’homme nait pour souffrir, comme l’étincelle pour voler. On est soit sur le point d’entrer dans une tempête de la vie, soit au milieu de la tempête ou on vient de sortir d’une tempête. Ainsi va la vie ! Jésus nous dit que dans ce monde nous aurons des tribulations… Les 150 psaumes peuvent se résumer en une phrase : la vie est dure, mais Dieu est bon ! Cependant nous pouvons toujours nous consoler qu’au milieu de la tempête, Dieu est avec nous.
Ps 34:19 “l’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont l’esprit dans l’abattement.”
Ps 23:4 “Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi.” Nous n’avons pas à vivre dans la vallée du l’ombre de la mort tout le temps, mais quand nous la traversons, Dieu ne nous délaissera jamais, il ne nous abandonnera jamais. Il sera toujours à nos côtes à chaque instant de notre vie.
2. Le monde veut savoir si les chrétiens prennent vraiment soin des autres (whether Christians really care)
V31 un sacrificateur qui, par hasard, descendait par le même chemin. On serait tenté de dire : quelle chance pour le voyageur blessé ! ‘Un sacrificateur’, un homme de Dieu, celui qui représente Dieu devant le peuple et qui représente le peuple devant Dieu, celui qui offre des sacrifices pour le peuple ; le grand prêtre était celui qui, une fois par an, entrait dans le saint des saints dans le temple, dans la présence même du Dieu Éternel. On ne peut pas demander mieux ! Et c’était uniquement par hasard qu’il se trouvait là à ce moment précis. Mais, hélas, ayant vu cet homme, il passa outre. (V31) Il a pourtant vu le voyageur, Juif comme lui, blessé et à demi mort, mais cela ne lui a fait ni chaud, ni froid ; il était indifférent à la souffrance de l’autre, même si cet autre était peut-être membre de la même synagogue que lui. Pourquoi cela ? Il était peut-être trop occupé, il avait des choses urgentes à faire, mais cela ne peut justifier son indifférence. Busyness is the enemy of relationships, nous dit Rick Warren. Et voilà après le sacrificateur, un Lévite qui arrive aussi dans ce lieu. (V32) C’était presque comme un défilé des hommes religieux Le Lévite n’était pas du même rang que le sacrificateur, mais il appartenait à la même tribu de Levi, il connaissait par cœur les Écritures, il enseignait les Écritures. On pourrait se dire, si le sacrificateur passa autre, surement le Lévite va s’arrêter et prendre soin du blessé. Mais, hélas, l’ayant vu, il passa outre. (V32) Lui aussi n’a pas de prétexte, il a bien vu l’état du voyageur à demi mort, mais il décida de passer outre. La souffrance du voyageur ne l’a guère touché, il avait autre chose à faire ou il ne veut pas se mouiller. Survint alors un Samaritain qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu’il le vit. (V33) Les Juifs haïssaient les Samaritains qui était considérés comme impurs, ne faisant pas partie de la race juive car ils étaient moitié juif et moitié non-juif. Les religieux auraient dû s’arrêter, mais ils ne l’ont pas fait. Le Samaritain aurait dû passer outre, mais il ne l’a pas fait. Il s’est arrêté ! Le Samaritain a démontré l’amour, alors que les religieux qui étaient supposés démontrer l’amour ne l’ont pas fait. 1 Tim 1:5 nous dit : 5 Le but du commandement, c’est une charité (amour) venant d’un cœur pur, d’une bonne conscience, et d’une foi sincère.
Paul nous dit dans 1 Cor 13:1-3 1 Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit. 2 Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien. 3 Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien.
Nous pouvons être un sacrificateur, un Lévite, voire même un Chrétien, mais si nous n’avons pas l’amour, nous ne sommes rien aux yeux de Dieu. Cette parabole nous démontre qu’aimer ne veut pas dire uniquement aimer ceux qui nous aiment, mais surtout aimer ceux qui ne nous aiment pas, qui nous critiquent, qui nous veulent du tort, aimer nos ennemis. Jésus nous dit : 27 Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, (Luc 6:27)
Rom 12:19-21 19 Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère ; car il est écrit : À moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur. 20 Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en agissant ainsi, ce sont des charbons ardents que tu amasseras sur sa tête. 21 Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien.
Il ne faut jamais oublier que ceux que nous côtoyons, les non chrétiens, les collègues, les voisins, la famille non chrétienne, nous observent. Ils ne sont pas intéressés à savoir combien nous connaissons la bible, mais combien nous sommes des personnes qui prennent soin des autres. People don’t care how much we know ; but they want to know how much we care. Do Christians really care ? Do they really love ? Aimez même vos ennemis !
3. Les gens veulent voir et faire l’expérience de l’amour en action
Mais le Samaritain fut ému de compassion lorsqu’il le vit. (V33) le mot clé est ‘compassion’. Le sacrificateur et le Lévite n’avaient pas de compassion. Le Samaritain avait la compassion. La compassion c’est ressentir au fond de soi la souffrance de l’autre. Jésus nous dit : pleurez avec ceux qui pleurent. Jésus souvent des fois était ému de compassion et c’est ainsi qu’il guérit le lépreux venant vers lui en suppliant : 40 Un lépreux vint à lui ; et, se jetant à genoux, il lui dit d’un ton suppliant : Si tu le veux, tu peux me rendre pur. 41 Jésus, ému de compassion, étendit la main, le toucha, et dit : Je le veux, sois pur. (Marc 1:40-41)
Parce que le Samaritain avait la compassion, cela l’amena à faire ce qui suit : 34 Il s’approcha, et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui. 35 Le lendemain, il tira deux deniers, les donna à l’hôte, et dit : Aie soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour. (Luc 10:34-35)
Que pouvons-nous apprendre de l’amour à partir de ceci ? Tout d’abord, love is messy. L’amour agape peut nous amener à nous mouiller et à nous salir les mains en quelque sorte. L’église est comme un hôpital ; l’église n’est pas pour les bien portants mais pour les malades. L’image de l’hôpital nous fait réaliser que si nous voulons prendre soin de l’autre, nous devons faire comme les infirmiers à l’hôpital. Le Samaritain banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin. Deuxièmement, l’amour demande un sacrifice. Il le mit sur sa propre monture et le conduisit à une hôtellerie et prit soin de lui. D’abord, il avait à marcher et à céder sa monture au Juif blessé. Ensuite, il tira deux deniers, les donna à l’hôte et dit ; aie soin de lui et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour. Celui lui a couté non seulement en termes de temps, en termes de soin, mais aussi en termes d’argent. Finalement, l’amour est démonstratif. Il a démontré au Juif blessé l’amour par ses actions. Dieu prouve son amour pour nous en ce que, alors que nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. L’amour ne se fait pas uniquement en paroles mais en actions. Ce Samaritain est l’image même de Jésus qui est venu sur terre pour mourir sur la croix à notre place afin de nous sauver de nos péchés et nous accorder la vie éternelle.
Application :
Avoir du zèle, c’est aussi ne pas être indifférent à la souffrance de l’autre, mais à s’engager pour prendre soin des plus démunis de la société. À ce titre, notre projet cette année-ci est de se concentrer sur une région relativement défavorisée afin de démontrer notre amour pour les plus démunis de cette région – non seulement au niveau spirituel, mais également social et économique. Pour tous ceux qui sont intéressés à se joindre à nous dans ce projet ambitieux, je vous donne rendez-vous le dimanche 21 février à midi dans Immanuel Hall pour en parler.