Sermon par le Ps Jean Atchong

Dans mon dernier sermon, je vous disais qu’une des manières d’aimer son prochain c’est de prendre en considération ses faiblesses. Vous rappelez-vous ? J’ai mentionné que le fait de conduire un véhicule peut être une école d’apprentissage où vous apprenez à démontrer la bienveillance et l’amour envers les autres car vous vous trouverez dans des situations qui pourraient vous faire perdre votre calme.

Aimer votre prochain c’est agir avec compassion, chercher son intérêt, le servir, lui parler gentiment et lui pardonner. Mais le plus important c’est que cet amour doit être sincère. Ce matin, pour continuer mon enseignement sur le focus de cette année, puis-je vous demander si vous avez déjà été en colère ? Je parie que certains d’entre vous me diront : non, nous sommes des chrétiens ! Alors là, vous mentez à vous-mêmes. La première question que Dieu demanda à Caïn après avoir poussé Adam et Eve hors du jardin d’Eden était : ‘Pourquoi es-tu irrité, …’ (Gen 4:6).

Paul dit dans Col 3:8 « Mais maintenant, renoncez à toutes ces choses, à la colère, à l’animosité, à la méchanceté, à la calomnie, aux paroles déshonnêtes qui pourraient sortir de votre bouche. » Je suis sûr qu’à priori, nous serons tous d’accord avec Paul. Mais c’est une chose de le dire et une autre, de le mettre en pratique. Alors comment faire ?

 

  • La colère

La colère est une réalité. Nous sommes tous sujets à la colère. Et nous avons tous une limite pour ce qui est de contenir notre colère. Quand nous n’en pouvons plus et que le compteur tourne au rouge, nous explosons. La question est simple : Qu’allons-nous faire ? Est-ce mal ? Sachez que la colère en elle-même n’est ni un péché, ni mauvaise. La colère est humaine. Dieu nous a créés ainsi, la colère faisant partie de notre structure émotionnelle. En d’autres mots, nous avons été créés pour réagir émotionnellement. La bible nous montre que Dieu s’est mis en colère de trois manières : Psaumes 7:11 « Dieu est un juste juge, Dieu s’irrite en tout temps » ; Marc 3:5 « Alors, Jésus, promenant ses regards sur eux avec indignation… » ; 1 Samuel 11:6 « Dès que Saül eut entendu ces choses, il fut saisi par l’esprit de Dieu, et sa colère s’enflamma fortement. » Que nous le voulions ou non, la colère survient involontairement. C’est impossible de l’ignorer.

En revanche, ce qui compte, c’est notre attitude par rapport à cette colère. En général, chez les non-croyants, c’est normal de crier ou cogner quand ils sont en colère. Aussi, les cas de violence ne sont pas rares à Maurice ; que ce soit dans les endroits publiques, à l’école ou à la maison. On a tendance de se défouler sur quelqu’un quand on est en colère car cela nous apporte une certaine satisfaction. Mais est-ce vraiment ce que nous voulons ?

Eph 4:26-27 « Si vous vous mettez en colère, ne péchez point ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère, et ne donnez pas accès au diable. » Or, comment ne pas donner accès au diable ? Comment contrôler notre colère ? Il y a en effet plusieurs façons. Nous allons prendre l’exemple du prophète Néhémie. Non seulement la raison de sa colère était justifiée mais la manière dont il a réagi eut des conséquences positives. Voyons le contexte.

 

  • Le contexte (Neh 5:1-13)

Les juifs qui rebâtissaient les murailles de Jérusalem sous le leadership de Néhémie se sentaient oppressés, non de l’extérieur mais à l’intérieur même des murailles. Ils avaient déjà construit quelques parties du mur malgré l’opposition, les moqueries et les menaces des ennemis qui les encerclaient. Néanmoins, Néhémie prit la décision de les diviser en deux groupes, une partie montant la garde et les autres travaillant avec leur épée à côté. Mais les temps étaient durs. Les juifs étaient nombreux à retourner à Jérusalem tant et si bien qu’il y avait à peine de quoi manger pour tout le monde. Qui plus est, la taxe imposée par le roi de Perse avait augmenté.

Bien que les juifs fussent désemparés, ils continuèrent les travaux jusqu’à ce qu’ils furent harcelés par les grands et les magistrats. Ces derniers prêtaient de l’argent avec intérêt aux pauvres et leur réclamaient comme compensation leurs enfants pour les vendre en tant que serviteurs. C’est ainsi qu’ils exploitaient le peuple juif. V5 « Et pourtant notre chair est comme la chair de nos frères, nos enfants sont comme leurs enfants ; et voici, nous soumettons à la servitude nos fils et nos filles, et plusieurs de nos filles y sont déjà réduites ; nous sommes sans force, et nos champs et nos vignes sont à d’autres» Néhémie fut donc pris de colère. Il ne put digérer le fait que les juifs poignardent leurs propres frères dans le dos.

 

  • Comment Néhémie a-t-il géré sa colère ?
  1. Admettre sa colère.

Premièrement, il admit qu’il était en colère. V6 : Je fus très irrité lorsque j’entendis leurs plaintes et ces paroles-là. Il était mécontent de la cupidité des riches qui faisaient profit en exploitant la misère des autres, ce qui était formellement interdit dans la loi de Moise (Exo 22:25). C’était donc par leur faute que le peuple de Dieu était divisé. Les travaux autour de Jérusalem cessèrent à cause d’eux. Pour Néhémie, l’unité était plus importante que l’argent. Exprimer ses émotions est la première étape. Néhémie n’essaya en aucune façon de réprimer sa colère. Sachez que la colère empêche le dialogue, détruit les relations et nous vole notre joie et notre santé. Certains ont tendance à se justifier au lieu d’accepter la responsabilité de leur colère. La Parole nous enseigne à gérer notre colère non seulement en l’admettant mais aussi en acceptant que c’est un péché que d’adopter la mauvaise attitude face à notre colère. (Prov 28:13, 1 Jn 1:9).

  1. Se calmer et réfléchir un instant.

Néhémie dit dans V7 : « Je résolus… » Il avait donc pris le temps de réfléchir ; c’est la preuve qu’il avait le sens des responsabilités comme le doit tout leader digne de ce nom. Néhémie était non seulement rempli d’une passion telle qu’il pouvait se mettre en colère mais aussi assez sage pour étudier la question avec attention avant de prendre les mesures nécessaires. C’est la meilleure chose à faire – prendre le temps de se calmer pour examiner la question sous un meilleur angle. Certains disent : je ne peux pas me calmer ; je n’arrive pas à me contrôler ! Mais comme on le dit si bien, vouloir c’est pouvoir. C’est surtout quand on est à la maison que nous ne ressentons pas le besoin de le faire. Nous nous laissons emporter par la colère alors que nous avons le choix. Nous pouvons essayer de nous calmer, par exemple, en nous retirant, seul, pour réfléchir sur l’attitude à adopter. C’est ce que fit Néhémie. Il n’a pas donné libre cours à sa colère ; Il n’a pas haussé le ton en disant tout ce qui lui passait par la tête. Irrité comme il l’était, il a pourtant agi rationnellement après mûre réflexion.

  1. Réagir avec amour.

Les versets 7-9 nous apprennent un autre principe de Néhémie. Il rassembla les grands et les magistrats et n’hésita pas à les confronter et les réprimander, après avoir été convaincu de leurs fautes. Il leur parla avec vérité et vu le respect avec lequel les magistrats ont réagi (Neh 5:12-13), nous pouvons déduire que Néhémie a dû leur parler avec amour. Voyons les trois reproches que leur fit Néhémie :

  1. V7 : « Vous prêtez avec intérêt à vos frères qui sont pauvres alors que la Bible interdit de faire profit sur le dos des autres’. Si notre frère est dans le besoin, nous devons l’aider gratuitement au lieu de prêter avec intérêt. Non seulement les grands avaient agi contre la loi juive mais c’était surtout très cruel de leur part. (Exo 22:25, Lev 25:35-37, and Deut 23:19-20).
  2. V8: « Vous avez vendu vos frères juifs comme esclaves aux autres nations’. Cela aussi est un péché. Lev 25:39-43 ordonne au peuple de libérer leur frères esclaves qui avaient servi chez eux pendant une certaine période.
  1. V9 : « En exploitant la misère de vos propres frères, vous vous êtes laissé insulter par les nations ennemies qui vous entourent ». En effet, les nations ennemies devaient certainement se moquer des juifs qui se querellaient entre eux. C’est pourquoi il est important, qu’en tant que chrétiens, nous fassions attention à la manière dont nous nous comportons parmi les non-croyants. Ce serait un mauvais exemple que de nous détruire les uns les autres au lieu de nous aimer les uns les autres. Dans Phil 1:27-28, et 1 Pi 2:11-12, les apôtres Paul et Pierre nous avertissent que notre conduite a une influence sur les païens. Néhémie est l’exemple vivant d’une attitude positive, exemple que nous devons suivre. Bien qu’irrité, il prit le temps de réfléchir à la manière de gérer la situation. Il lui a fallu du courage pour dire la vérité et parler avec sagesse au point où les grands et les magistrats «se turent, ne trouvant rien à répondre ». Et le résultat fut positif.

 

Conclusion

Nous pouvons adopter les trois principes de Néhémie pour ce qui est de gérer notre colère :

  • Quel résultat voulez-vous obtenir ? (Gen 4:6-7)
  • Comment réagissez-vous quand quelqu’un vous suggère que vous avez mal agi ?
  • Faites-vous un effort pour changer ou niez-vous votre erreur ?

Si Dieu rejeta le sacrifice de Caïn, Il lui donna aussi la chance et l’encouragea à se repentir. Mais Caïn refusa de se soumettre et nous savons tous ce qu’il advint de lui, un exemple de ce qui peut nous arriver si nous refusons d’admettre nos erreurs. Gal 5:14-15 « Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne soyez détruits les uns par les autres. »